L’île Maurice, comme plusieurs îles de l’océan indien, ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans son séga.
Originaire d’Afrique de l’Est, le séga ou «Tchega» est apparu grâce aux esclaves africains qui étaient ramenés de force pour travailler dans les plantations au XVII ème siècle. Ils ont rapporté avec eux tambours et tamtam africains, qu’ils ont par la suite mêler aux instruments de fortunes construits avec des peaux, petites pierres, et bois.
Le séga n’était pas seulement une danse envoûtante mais surtout une façon pour les esclaves d’exprimer les souffrances liées à leur déracinement. Cette danse au rythme sacré, accompagnait les esclaves aux moments importants de leur servitude. Elle réunissait dans la joie, l’harmonie et dans une transe magique (le babani) différents peuples d’esclaves. Les chants se sont alors créolisés, symbole de ce partage et rassemblement des peuples.
Cette expression transcendantale a aujourd’hui laissé la place peu à peu au divertissement. Vous aurez sans doute l’occasion d’assister à un spectacle dans l’un des hôtels du nord de l’Île, avec de belles danseuses aux immenses jupes colorées et des joyeux musiciens enjoués autour d’un feu sur la plage.
Vous pouvez aussi vous rendre sur l’une des plages publique le dimanche et pourquoi pas rejoindre un groupe de joyeux lurons dans leur séga. Les pas de danse sont assez simples, avec les pieds qui restent surtout au sol car tout se joue dans le déhanché aux rythmes des ravannes.
Même-si le séga typique est enclin à disparaître, il survie grâce à de talentueux artistes locaux tel que Ti Frere (considéré comme roi du séga mauricien), Fanfan, Menwar (qui mélange parfaitement modernité et tradition) ou encore Kaya (inventeur du seggae un mélange de séga et reggae).
Les instruments traditionnels et indissociables du séga qui ont traversé le temps avec lui sont:
- La ravanne : percussion symbolique du séga est composée d’une peau de chèvre tendue sur cercle de bois (similaire à un grand tambourin)
- La maravanne : genre de boite à musique rectangulaire constituée de cannes à sucre alignées et remplie de petites pierres, graines ou billes. L’instrument doit être agité en rythme par le musicien.
- Le triangle : triangle métallique sur lequel tape le musicien à l’aide d’une tige métallique
- Le makalapo : instrument monocorde (style guitar) avec une caisse de résonance qui dans le temps était faite avec une calebasse séchée. Cette caisse était enterrée dans la terre car il était dit qu’elle permettait de communiquer avec les ancêtres et qu’elle faisait danser les morts. (vidéo : Présentation du makalapo par Marclaine Antoine)
Le séga représente parfaitement l’Ile Maurice, il n’est pas seulement une danse mais un patrimoine. Sa danse et ses chants sont une émancipation de l’âme qui repousse les misères de la vie tout en célébrant la joie et le bonheur que recherche tout être humain. Le séga c’est une histoire et un partage, un moyen de rassembler tous les peuples dans l’harmonie et la paix en repoussant les frontières .
S’il vous arrive de croiser un groupe de mauriciens festoyant sur la plage autour d’un feu de camp n’hésitez pas à les rejoindre dans leur danses. Ils vous accueillerons sans aucun doute avec grand plaisir et vous passerez un moment fort amusant et inoubliable. «Roule roule roule» ou encore «casse les reins» vous inviterons à vous déhancher en rythme en levant les mains «la haut».
